Ce n’était qu’une question de temps avant que le gouvernement n’invite à une rébellion à part entière dans ses tentatives d’abandonner les normes et les protections issues de l’Union européenne. Les députés ont enfin pris conscience de ce que tout cela signifie pour une législation que nous tenons pour acquise et de ce qu’elle fera pour nos protections environnementales.
En tant qu’architecte de la directive européenne Habitats et ancien vice-président de la commission de l’environnement du Parlement européen lorsque j’étais député européen, je porte un grand intérêt à l’engagement de ce gouvernement en faveur de la protection de l’environnement.
Aujourd’hui, je prendrai la parole lors du débat Castle sur l’environnement, résumant les résultats critiques de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (Cop15) à Montréal le mois dernier, tels qu’ils figurent dans l’Accord-cadre mondial Kunming-Montréal. Ce cadre établit un engagement mondial pour stopper et inverser la perte de biodiversité, protéger 30 % des terres et des océans du monde et restaurer 30 % des terres dégradées d’ici 2030. Il s’agit d’une étape indispensable et bienvenue pour restaurer la biodiversité à travers le monde.
Un lien entre les objectifs climatiques et les solutions fondées sur la nature est la clé d’une réponse significative à l’urgence climatique. L’accord négocié le mois dernier énonce un engagement à mettre fin aux extinctions d’espèces menacées d’origine humaine d’ici 2030. Il établit un nouveau fonds international pour lutter contre la crise de la nature et accepte d’installer un nouveau système multilatéral pour partager les avantages découlant de l’utilisation d’informations génétiques.
Et tandis que les dirigeants mondiaux prennent les mesures nécessaires pour répondre aux défis environnementaux importants de notre époque, le gouvernement britannique menace d’affaiblir et de diminuer les protections législatives et les normes qui remontent à notre époque dans l’Union européenne.
Le projet de loi sur le droit européen retenu, qui sera débattu mercredi à la Chambre des communes, donne aux ministres et aux fonctionnaires un pouvoir sans précédent pour révoquer et modifier les normes et réglementations que nous tenons pour acquises. Près de 4 000 textes législatifs individuels sont menacés, dont près de 1 000 sont des protections vitales de l’environnement et de la faune que mes collègues et moi avons travaillé sans relâche pour établir au Parlement européen.
Le projet de loi sur le droit européen retenu propose un mécanisme de « temporisation », ce qui signifie que ces lois qui n’ont pas été réécrites, modifiées ou conservées d’ici la fin de 2023 disparaîtront tout simplement.
Lorsque Jacob Rees-Mogg a présenté le projet de loi pour la première fois, plus de 79 organisations environnementales ont averti que cela pourrait mettre en péril la protection juridique de 600 zones de conservation spéciale. Ils créent de l’incertitude pour les entreprises, brisent la durabilité à long terme de notre économie et déclenchent des pertes environnementales qui pourraient réduire la qualité de vie de millions de personnes ici au Royaume-Uni.
Où est la cohérence du gouvernement? Ce projet de loi sur le Brexit à tout prix fera fi des mesures environnementales critiques dérivées de l’UE déjà inscrites dans la législation. Des protections vitales telles que la réglementation britannique sur les habitats et les espèces – qui constituent le fondement juridique du réseau Emeraude, le réseau écologique composé de zones de conservation spéciale – seront cruciales pour la capacité du Royaume-Uni à respecter l’accord conclu à Montréal le mois dernier.
Bien sûr, nous pouvons faire plus, et je demanderai publiquement un ensemble d’indicateurs scientifiques spécifiques et convenus pour suivre nos progrès à l’échelle mondiale pour la première fois dans l’histoire. Nous avons besoin d’obligations juridiquement contraignantes de rendre compte de manière transparente et de faire le point tous les quatre ans, afin de garantir que nous restons sur la bonne voie. Cela s’appuie sur le travail du Royaume-Uni défendu pendant notre séjour dans l’Union européenne. Nous devons éviter de défaire ce que nous avons déjà réalisé.
La clé de tout cela est une coopération plus étroite avec nos amis des principaux organismes scientifiques européens et internationaux, rien de moins. Pour atteindre nos objectifs mondiaux, le Royaume-Uni devrait rejoindre des organismes tels que l’Agence européenne pour l’environnement dès que possible.
Dans le cadre de leur “bataille pour l’âme de notre pays”, j’ai soutenu la campagne du Mouvement européen pour arrêter le projet de loi et demander au gouvernement de fournir une garantie de normes légales minimales pour la législation concernée.
Si l’engagement du manifeste de ce gouvernement à construire “le programme environnemental le plus ambitieux sur Terre” a quelque vérité que ce soit, il doit protéger ces normes et tuer le projet de loi retenu sur la loi de l’UE.
Stanley Johnson est auteur, ancien député européen et militant écologiste. À l’approche du référendum européen de 2016, il a coprésidé les écologistes pour l’Europe avec la baronne Barbara Young